Shrapnel HawkXX WS00M 36A
♕ Messages : 39 ♕ Immunités : 42 ♕ Date d'inscription : 07/05/2012 ☆ Sexe : Féminin ☆ Métier : Mais je sais que j'y suis ! ☆ Logement : Effectivement, l'oge est un menteur. ☼ Situation : Je l'ai, et j'ai même déjà fait la blague.
| Sujet: ♠ Shrapnel Hawk ♠ - Fanatique à votre disposition - Lun 7 Mai - 16:40 | |
| Shrapnel Hawk You're in the army now Nom prénom : Hawk, Shrapnel, enchantée. Surnom : N°48 ; à 43 chiffres près, elle était un parfum… Sexe : Rarement. Féminin, sinon. Age : 26 ans et toujours pas de poitrine… Emploi : Ou en plastique, peu importe… Mais pour un soldat de première classe, il vaut mieux du ploi. Situation : J’ai effectivement Tion, et elle est célibataire. Orientation Sexuelle : Est-Nord-Est, mais surtout hétéro. Groupe : Aucun, elle est piètre musicienne. Tout juste bonne à être militaire… Code : Icatcatgézérossis, ou I44G06Particularité : Généralement, on voit d’abord son arme, et après la fille qui la tient. Phobie : Phobien en avoir une, alors peur viscérale des oiseaux… Aime : Ses armes, les chouchouter, jouer au poker, gagner, se moquer des nouvelles recrues, prendre son bain. N'aime pas : Le sucre, jouer au tarot, perdre, se faire ridiculiser, les oiseaux, les nouvelles recrues. | • 12.06
L’adjudant-chef Fincher m’a assigné une mission d’infiltration chez les résistances. Il n’arrête pas de répéter que les sauvages sont notre seule préoccupation et voilà que maintenant, il veut faire régner l’ordre au sein du dôme en employant la force de l’armée. Je suis sûr que l’ordre ne vient pas de lui. Bref, me voilà sous couverture. Je m’appelle Zackary Blunt et je suis un révolté, un anarchiste… Je suis à la fois excité de partir en mission mais aussi complètement flippé. Je n’aime pas les résistants. Je pars demain pour les rues les plus mal fréquentées de tout le dôme pour m’incruster dans un groupuscule de résistants que l’on a repéré il y a quelques jours. Selon nos informateurs, ils compteraient dans leur rangs la fille du propriétaire de tout un hangar d’armements volés à l’armée il y a des dizaines d’années. Le vieux est mort et depuis, la gosse a hérité de la quincaillerie. J’ai pour ordre de dissoudre le groupe et de la ramener. J’ai hâte.
• 15.06
Zackary Blunt aura mis un certain temps à s’intégrer. Je n’ai pas pu écrire depuis trois jours parce que le chef du groupe, un certain Kyle, a tenu à récolter des informations sur moi et à me faire passer des sortes de tests… Heureusement que ma couverture était solide. Je ne suis pas encore tout à fait l’un des leurs mais ils pensent sincèrement que je suis un pouilleux révolutionnaire. C’est parfait ! J’ai déjà eu l’occasion de repérer la gamine : vingt-et-un-an, pas grande, cheveux noirs… Deux filles correspondaient à la description mais la seconde n’a pas du tout l’air de s’y connaître en armes : elle a juste un couteau sur elle, il me semble, et elle passe son temps penchée sur des plans, jamais sur le terrain. Pas digne d’une fille de trafiquant d’armes. Je sais maintenant que la cible se fait appeler Shrapnel, je n’ai pas de nom de famille, évidemment. Bientôt, j’aurai l’occasion d’en apprendre plus sur elle. Mais je viens de recevoir un message de l’adjudant-chef qui me demande de ne pas oublier de dissoudre le groupe…
***
Gloria Kade était une jeune fille de famille misérable. Son père s’était fait assassiner il y a bien longtemps, sa mère avait fuit on-ne-sait-où… Elle avait vite été séparée de son petit frère, bien plus solide et déterminé, qui ne l’avait pas attendue pour s’intégrer à un groupe de squatteurs. Comme si un lien fraternel leur manquait, les deux jeunes gens ne s’étaient jamais vraiment aimés, et leur séparation était survenue comme une bête évidence. Gloria s’était retrouvée seule, faible et incapable, d’une indolence telle qu’elle ne parvint même pas à supplier son frère de rester auprès d’elle. La rue était devenue son seul foyer. Le destin semblait lui souffler avec insistance de mettre fin à ses jours puisque la fatalité s’était de toute façon abattue sur elle. Mais la résistance survint un jour et l’accueillit. La jeune fille alors âgée de seize ans intégra les rangs du groupe de résistants sans grande conviction mais se prit vite d’amitié pour ses membres et d’intérêt pour ses exactions. Elle fit la rencontre de Jade, la fille du fournisseur d’armes et tacticienne de la bande, Tek, le mécanicien, et surtout Kyle, le chef et son mentor personnel. Leurs raids réguliers à l’extérieur du dôme et leurs vols en tous genres semblèrent donner un sens à la vie de Gloria qui découvrit ce qu’était l’aventure. Plusieurs années passèrent et la jeune fille acquit de l’assurance. C’est à cette époque que son amour pour les grosses armes à feu naquit. Elle participa à nombre d’interventions en usant de ces petits bijoux dont le contact apaisait son âme. Elle découvrit également le principe du shrapnel, ces morceaux de métal que l’on insère dans les obus pour que l’explosion fasse d’autant plus de dégâts. Avec l’aide de Tek et d’autres bricoleurs, elle s’amusa à trafiquer quelques engins à projectile explosif de façon à ce que leur efficacité soit doublée. Kyle, le plus grand modèle de son existence, son père, son héros, lui donna alors son surnom. • 23.09
Cela fait un bail que je n’ai pas écrit mais il faut dire que j’étais occupé. Zachary Blunt est désormais quelqu’un d’apprécié dans l’équipe de Kyle. Je n’ai que peu de contacts avec l’armée mais je sais qu’ils se réjouissent. Demain va être lancée l’intervention la plus dangereuse que le groupe n’ait jamais connue : ils ont l’intention de s’en prendre à un gars des Hautes Sphères qui, à ce qu’on dit, est en possession d’informations sur tout un réseau de la résistance. Je n’ai jamais entendu parler de lui, quoi qu’il en soit, ce n’est pas une mince affaire ! Ils ont planché pendant des mois sur cette histoire parce qu’il paraît que la cible ne sort que très peu de chez lui. Ils vont y aller au sniper à ce que j’ai compris, et ils ont bien choisi leur jour ! Une cérémonie a lieu demain dans les quartiers huppés du dôme et il y sera, à découvert. Le fait est qu’il y aura aussi un bon nombre de gardes du corps et de sentinelles… Les pauvres. S’ils ne sautaient pas sur l’occasion, ils n’auraient plus aucune chance de l’avoir avant un bon moment. Enfin, ce qui est important, c’est que, pour moi, c’est le moment ou jamais d’agir. « Compte tenu de ses capacités », dixit Kyle, c’est la Shrapnel qui est nommée sniper. Tu parles. A son âge. Enfin bref, il faut dire qu’ils ne sont pas nombreux, et le plus expérimenté, Kyle donc, est borgne ! Quelle ironie. Je vais donc pouvoir passer à l’acte. Mon travail est simple : je ne suis pas invité à l’intervention mais il me suffit de saboter son arme. J’obstrue un peu le canon, je remplace le percuteur et le tour est joué.
***
Ce fut un grand jour pour Gloria. Son rôle de sniper dans la mission la plus pointue que son groupe de résistants ne s’était jamais donnée lui plaisait. Une certaine angoisse lui avait prit le ventre mais l’honneur de s’être vue attribuer un tel poste semblait éclipser son malaise. Elle se surprit à prier, la veille au soir. Le sourire aux lèvres.
Le pire, c’est que Kyle avait plaisanté avant de partir : - Tu nous mets pas de shrapnel dans celui-ci, hein ?
Trois des camarades de Gloria se trouveraient à moins de six mètres d’elle. Les autres seraient postés au pied du bâtiment où se déroulait la cérémonie, prêts à donner le signal.
Son cœur se mit à battre de plus en plus vite. Ses tempes se mirent à marteler, quelques gouttes de sueur descendant lentement. La cible rouge fixée sur le visage gras, transpirant la richesse et l’arrogance… C’était un dessin plaisant. Mais comme les enjeux étaient grands. Elle ne devait pas rater son tir. Surtout pas. Où elle se ferait repérer. Les résistants qui faisaient le gué se feraient repérer. Et tous, ils seraient froidement abattus.
Un quart de seconde avant d’appuyer sur la détente, une sensation violente emplit son corps. Comme si tout en elle sauf son esprit lui disait « Non, attends ! ». Comme un mauvais pressentiment qui poussait un cri de douleur, irrépressible mais sans écho. Seulement, il était trop tard. L’alerte ne fut pas efficace.
Un grésillement se fit d’abord entendre, puis la première balle sortit en retard, suivi d’une seconde qui la heurta dans le canon dans une détonation assourdissante. Un filet de fumée grisâtre s’échappa du chargeur alors qu’à l’intérieur du bâtiment, tout le monde s’agitait. Tous les grands hommes furent rassemblés loin des fenêtres. Plus bas, les sentinelles cherchèrent le sniper du regard. Voyant les individus qui rôdaient depuis quelques minutes s’affoler, ils ouvrirent le feu. De son côté, Gloria s’éloigna de son arme, prise de panique. Elle se blottit sous le rebord du toit en hurlant à ses camarades de se mettre à couvert. Mais le fusil explosa au même moment. Cela commença dans le canon où plusieurs balles restèrent coincées alors que la poudre prenait feu. Les trois résistants reçurent des éclats de métal et furent gravement blessés alors que la jeune fille ne fut nullement atteinte. Seule son ouïe disparu un instant à cause de l’explosion. Elle hurla sans entendre le bruit des mitraillettes transperçant les corps de ses comparses, plus bas. Sans entendre les cris de ceux qu’elle venait de mutiler. • 24.09
Ça a marché à merveille ! Sur les onze résistants participant à l’intervention, cinq se sont fait attraper par les sentinelles qui gardaient le bâtiment - Dieu sait ce qui va leur arriver - deux se sont fait abattre, deux autres ont succombé à leurs blessures causées par l’explosion du fusil. Ah, et la cible est saine est sauve ! Bel échec. Mais j’avoue que je suis très surpris par la réaction du reste du groupe. Je les croyais unis et solidaires mais je constate que c’est tout aussi la loi de la jungle au sein de leur clan qu’au sein de la société elle-même. Ils donnaient l’impression de s’attacher les uns aux autres mais finalement… Lorsque Shrapnel et LE survivant sont revenus, ceux qui étaient restés au campement étaient déjà au courant du fiasco. Et quelle violence.
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Lynchée. Le souffle court, les paupières fermées comme sereinement, en attente du coup inexorable qui va venir. Elle entend les insultes qu’on lui crache au visage, mais elle ne les écoute plus. Tout ce qu’elle veut, c’est que ce coup vienne, que celui d’après arrive plus vite, et celui d’après aussi. Dans sa gorge, et jusque sur ses lèvres meurtries monte un sang chaud et gluant. Fermant les yeux plus vivement, elle tousse, crache ses poumons et le liquide pourpre qui l’étouffe et colle sur son visage. Tout son corps frissonne, tremble, frétille comme un poisson hors de l’eau mais proche de la mort. Sur ses bras nus, sa chair se teinte de bleu : les marques des coups apparaissent sur sa peau bosselée par le froid, les plaies fines saignent lentement. Les brûlures la font même se tordre d’avantage et couler des larmes salées sur ses joues creuses, se mêlant au sang qu’elle transpire presque. Ses gémissements se noient dans le flot d’injures et d’avanies que tous ceux en qui elle avait confiance lui jettent en la frappant. Elle croyait être leur amie. Elle croyait être un peu plus qu’un membre remplaçable. Elle croyait aussi tenir à eux et à leur considération. Mais si elle souffre, c’est juste parce qu’on la frappe. Pas parce que c’est eux, les tortionnaires. Elle s’en moque, que ce soit eux. En fait, elle ne les aime pas. Alors elle n’attendait pas mieux.
Une seconde, elle pense à Kyle qui a disparu. Elle se demande ce qu’il ferait. C’était lui le chef. C’était lui qui instaurait les valeurs. C’était lui qui savait comment il fallait réagir. Lui aussi, il l’aurait battue ?
C’était à cause d’elle qu’ils étaient morts. C’était son sniper. C’était elle qui tirait.
C’était elle qui mettait des shrapnels dans ses armes. • 25.09
Ce matin, j’ai guidé l’unité de l’adjudant-chef jusqu’à l’impasse dans laquelle les résistants avaient laissé Shrapnel. C’était au bout d’une ruelle sombre, très sale et extrêmement humide, entre des poubelles et des murs bouffés par la moisissure, là où pullulait la vermine. C’est quand même des brutes. Si j’en crois mon chronométrage, la torture a bien duré plusieurs heures. La pauvre gamine s’est évanouie et… Elle ne s’est toujours pas réveillée. On a retrouvé son corps inerte, couvert de sang. Ses lèvres avaient presque déjà perdu leur teinte. L’adjudant-chef a tenu à l’interroger dans des conditions convenables, ou du moins à attendre qu’elle se remette un minimum avant de la torturer de nouveau, histoire qu’elle ne nous crève pas dans les mains. Alors on l’a ramenée au QG.
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Ses paupières s’ouvrirent fébrilement. Un plafond blanc lui apparut. Elle était allongée sur un lit en fer aux draps propres et immaculés dans une chambre tout aussi… Pâle. Elle ne prit pas la peine de se dresser et de s’asseoir, de regarder autour d’elle et de chercher quelqu’un à qui demander où elle était. Elle avait des tuyaux dans le bras, cela suffisait à lui faire comprendre qu’on viendrait vite la voir. Elle ? C’était qui, d’ailleurs, elle ?
« Alors, ma mignonne, il est où cet entrepôt ? Autant te prévenir tout de suite, je n’ai pas l’intention d’attendre des heures avant d’avoir ma réponse. » « Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. » souffla-t-elle sincère. L’adjudant-chef eut un rire jaune et secoua la tête. « Non, petite, ce n’est pas comme ça que ça marche… » « Je vous jure que je ne sais pas de quoi vous parlez, je ne me souviens de rien. » Le grand homme se leva brusquement en envoyant sa chaise valser. Il frappa la table du poing et hurla : « Arrête de mentir ! ». La jeune fille recula maladroitement et éclata en sanglots. Elle fixa ses genoux et répéta, tremblante. « Je ne me souviens de rien, Monsieur, je vous le jure. »
Derrière la vitre teintée, Madame Vasco, l’infirmière, croisait les bras. Son visage doux et clair affichait une expression inquiète. Chaque geste brusque de l’adjudant-chef la faisait frémir. Au bout de la troisième menace du militaire, elle sortit de la pièce précipitamment et entra sans hésiter dans la salle d’interrogatoire où, terrorisée, l’adolescente était au bord de l’évanouissement. Elle interrompit la scène et prit la parole avant même que l’adjudant-chef ne proteste. « Monsieur Fincher… Il est probable qu’elle soit réellement devenue amnésique, souvenez-vous l’état dans laquelle nous l’avons trouvée… De plus, le traumatisme lié à l’accident aurait très bien pu participer à l’anéantissement de sa mémoire. » L’adjudant-chef grogna et jeta un œil agressif sur la jeune fille qui lançait des regards affolés à l’infirmière et retenait sa respiration. Constatant que le militaire demeurait indécis, la quadragénaire ajouta calmement. « Je ne pense pas qu’une jeune fille de son âge puisse jouer la comédie aussi bien et aussi longtemps. » D’un geste méprisant de la main, Fincher donna à Madame Vasco l’autorisation de garder l’interrogée avec elle encore quelques temps. Cette-dernière se jeta dans les bras rassurants de l’infirmière qui l’emmena hors de la salle en lui adressant un sourire encourageant.
« Te souviens-tu de ton prénom ? » demanda la doctoresse avec une voix apaisante. « Non. Si. Je ne sais pas. Je crois que je me souviens d’un surnom. ». Madame Vasco ne réagit qu’avec un léger sourire mais n’en demanda pas plus. Elle continua avec une seconde interrogation. « Te souviens-tu des gens que tu as fréquentés ? » « Je me souviens d’un homme que j’aimais bien. Mais j’ai oublié son prénom. » « Te souviens-tu de… » « Je ne me souviens de rien ! » coupa la jeune fille agacée. Des larmes montèrent jusqu’à ses yeux. Elle les retint tant bien que mal, les lèvres palpitantes. Un ange passa. Madame Vasco laissa sa patiente reprendre son calme, voyant qu’elle cherchait à faire un effort. « Je me souviens que je me battais pour une cause juste, que je me mettais en danger et que je manipulais toutes sortes d’armes parce que ce qu’on défendait en valait la peine et qu’on aurait accepté de mourir pour ça. » L’infirmière hocha la tête. Elle marqua une pause puis glissa doucement et à voix basse : « Tu ne te souviens de rien d’autre, tu es sûre ? ». La jeune fille releva soudainement ses yeux humides sur les lunettes de son interlocutrice. Un visage juvénile plein de rage.
Madame Vasco tourna la tête en direction d’un miroir et haussa les épaules avec dépit, secouant la tête de droite à gauche. De l’autre côté, l’adjudant-chef Fincher poussa un long soupir.
« Il n’y a aucun doute. C’est son inconscient qui veut oublier, c’est une amnésie volontaire. Selon moi, le plaisir qu’elle prenait en compagnie de ses camarades résistants était minime par rapport à celui qu’elle prenait en compagnie des armes. Le traumatisme de « l’accident » a été un déclencheur, un bon prétexte pour tout oublier et, accompagné de sa torture, son amnésie volontaire a parfaitement fonctionné. Essayer de lui faire retrouver la mémoire serait très long, très difficile, peut-être même vain… » expliqua Madame Vasco devant son public non-averti composé de Fincher et de son caporal Weller –qui lui se faisait discret. Comprenant que Fincher la jetterai probablement à la rue, l’infirmière ressentit des scrupules et poursuivit, rompant un silence gênant. « … Par conséquent, il est fort probable qu’elle sache encore se servir d’armes, qu’elle n’ait pas oublié ce qui lui plaisait le plus dans sa vie d’avant. Si vous me permettez une suggestion… » Les yeux assassins de l’adjudant-chef plongèrent dans ceux de la quadragénaire qui ne se laissa pas démonter. « … Caporal Weller, vous l’avez vue à l’œuvre, non ? Il semble que ce qui lui importe le plus, c’est de se battre pour une cause qui lui tient à cœur, et visiblement, elle a du potentiel, n’est-ce pas ? Je… Je pense donc que l’armée pourrait lui offrir un avenir. Il suffit de lui attribuer une nouvelle identité… »
Sur un esprit où tout a été effacé de la main de la volonté, sur un esprit dont les seuls souvenirs sont des partitions inachevées qui ne demandent qu’à être finies et transformées en symphonies, la propagande, le martelage, l’endoctrinement fonctionnent à merveille. C’est encore plus facile que sur des faibles esprits. C’est comme tracer des traits sur un tableau vierge, tout simplement.
Gloria Kade se battait pour la liberté, et elle mourut avec elle. Shrapnel Hawk se bat pour l’armée, et elle mourra pour elle.
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_______ Just like the curse, just like the stray : you feed it once and now it stays |
Les courts cheveux d’ébène, coupés en un carré maladroit, s’ébouriffent en laissant régner l’anarchie capillaire : les mèches barrent le visage, effleurent les oreilles, comme le pelage d’une panthère qu’on aurait longuement caressée à rebrousse-poil. Une main pâle, fine et longue passe machinalement dans leur flot sombre et dérange de nouveau leurs rangs déjà bien troublés. Elle secoue quelques mèches et les laisse se replacer comme une mère se résigne à laisser ses enfants vaquer sans discipline aucune. Sous la masse de cheveux noirs apparaît un teint clair mais loin d’être uniforme. Quelques tâches de rousseur épicent son museau et ses joues rosées. L’arrête de son nez semble avoir été tracée à la règle, elle se termine en une pointe élégante et en de fines narines. Ses lèvres pèche, plutôt charnues quoique présentant des commissures basses et recourbées vers le haut en une mine légèrement boudeuse, murmurent les paroles d’une mélodie agaçante. Elles dévoilent des dents blanches et bien rangées, véritables pour la plus part, prothèses pour une ou deux molaires perdues dans des combats. Ses pommettes saillantes dessinent des creux juste au dessus de ses joues et font luire les coins de ses yeux. Ses yeux. Deux perles grises à la lueur faible mais pas dénuées de beauté. Les paupières sont bordées de cils foncés mais courts, comme si l’idée d’un regard féminin lui déplaisait assez pour qu’elle se les rabiote… Ils sont surmontés de sourcils à la ligne fine mais mal épilés, maintenus droits dans une expression mêlant indifférence et blasement. Ses traits sont fins mais creux, un peu durs. Il y a quelque chose d’attirant en elle, mais aussi de masculin et de sévère. Ses épaules aigues dénotent une silhouette osseuse : ses clavicules ressortent d’autant plus sous sa peau nue. Sa serviette de bain minuscule laisse aisément deviner un corps frêle et sans courbes : une platitude affligeante, peut-être quelques hanches et un minimum de cuisses… Puis surgissent ses genoux et ses tibias, fins et anguleux. Ses bras, longeant le tout, ne font pas exception : frêles, peu charnus, ils se terminent en deux mains aux doigts fins et probablement agiles.
La jeune femme est de taille moyenne mais définitivement de faible corpulence. Pourtant, elle ne semble pas facilement ébranlable. Elle se tient de façon assurée. Ses poings serrés sur l’éponge qu’elle essore accentuent le chemin d’une veine à ses poignets, comme une puissance bien dissimulée mais pas contenue.
Tendant sa main droite sur laquelle est tatoué un discret 48, elle atteint un tas de vêtements en bouchon posés sur un tabouret. Elle les enfile rapidement sans prêter attention aux gouttes d’eau qui perlent encore de sa nuque et coulent le long de son échine. Elle finit par un débardeur noir, un pantalon tout aussi sombre et de grosses bottes bouclées. Faisant craquer chacune des articulations de ses mains, elle se regarde une dernière fois dans le miroir. Alors je ne la vois plus.
Je lance ma serviette sur son portant et sort de la salle de bain prestement. D’un geste machinal, sans même vérifier qu’ils sont à leur place, j’attrape mes gants de cuir et ma casquette, enfile les premiers, fixe la seconde sur ma tête, solidement, ombrageant mon regard. Puis la sangle de ma mitraillette passe sur mon épaule : l’arme pèse de tout son poids à ma droite : je la soutiens au niveau du manche pour passer le pas de la porte.
La journée peut commencer.
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_______ You can't relate to a world that doesn't involve your greed |
« N°48 ? Ouais, j’vois qui c’est… C’est la fille qui fait toujours la gueule quand on la croise. Elle est bizarre mais au moins, elle emmerde personne. Nan, au contraire, j’dois dire qu’elle nous distrait bien avec ses vannes sur les bleus : cette fille a une super répartie ! Elle enchaîne les blagues et les moqueries aussi bien qu’une mitraillette enchaîne les tirs ! Quand elle s’y met, il faut être dans les parages, on rigole forcément. J’lui parle jamais en dehors des pauses et des missions, je crois le reste du temps, et encore plus en permission, elle vit sa vie. Il m’semble qu’elle est bien pote avec deux-trois gars de l’unité et qu’ils se voient souvent, mais sinon… Elle est pas très bavarde, elle fait surtout son boulot. Et j’dois admettre que pour une gonzesse, elle s’défend. »
« - La première classe Hawk ? Mmmmh, oui, je la visualise. Je ne suis jamais parti en mission avec elle, voyez-vous, je viens d’arriver. Tout ce que je sais, c’est qu’elle aime bien se moquer des nouvelles recrues et qu’elle ne mâche pas ses mots quand elle le fait. Elle doit y prendre un malin plaisir. Enfin, tant que ce n’est que verbal et qu’elle ne nous bizute pas physiquement, tout va bien… - Encore heureux ! Il paraît que c’est une vraie furie ! Chaque fois qu’elle rentre avec son unité, ils glosent pendant des heures sur ses spectaculaires faits d’armes et sur « la boucherie qu’elle vient de faire » ou encore « comment elle les a massacrés » … Je ne sais pas si c’est du zèle ou de la sauvagerie mais il semblerait que ce soit une violente ! Elle rentre toujours blessée, couverte de bandages, une expression de bête sauvage assouvie sur le visage. Je me souviens l’avoir aperçue derrière une mitraillette lors d’une intervention qu’on devait observer d’un poste protégé : un vrai moteur à l’adrénaline ! On pouvait presque s’imaginer des crocs acérés derrière son masque, comme ceux qu’un monstre exhibe en rugissant à la mort. Elle foutait vraiment les boules. Et le pire, c’est qu’elle n’a blessé personne de chez nous : elle est bonne tireuse et elle a beaucoup de mérite, selon ses supérieurs… »
« Hawk ? Vous plaisantez ? J’adore cette gamine : une vraie fanatique ! Elle se sacrifierait sans hésiter pour l’armée : je suis sûre que « Semper Fidelis » est gravé dans tous ses murs et qu’elle se l’est tatouée partout, haha ! Elle est très volontaire, très courageuse… Et puis solide ! Mentalement, physiquement… Elle n’a pas peur de la torture, elle tient toujours le coup, elle est pratiquement increvable ! Je sais qu’elle n’est pas du genre à craquer si un jour elle se fait prendre en otage, même s’il ne faut pas parler de malheur ! Ah, s’ils étaient tous comme ça… On serait invincibles ! Vous vous rendez compte ? Il paraît qu’elle en effraie même certains ! Je l’ai entendue dire que l’armée était tout pour elle, qu’elle donnerait sa vie pour la cause qu’on défend, que tous ces résistants et ces sauvages n’ont qu’à bien se tenir… Moi, ça me plaît ! C’est des pourritures, et je suis content qu’elle pense comme moi ! »
« Oui, je pense que je suis un de ses amis les plus proches, si on peut dire ça… On s’entend bien, avec Shrapnel, c’est une fille pas compliquée ! Mais c’est sûr qu’elle n’est pas hyper sociable : je dirai qu’avec un ou deux autres gars, on est ses seuls potes : je le sais parce qu’on passe la plupart de nos permissions tous ensemble. On est un peu le groupe de ceux qui n’ont pas de vie en dehors de l’armée, haha… C’est vrai que quand j’y pense, on est tous célibataires et on ne fréquente pas les civils… A mon avis, ça convient bien à Shrapnel : on a tous un passé un peu particulier et quand on est ensemble, on s’amuse, on joue au poker… On ne parle jamais de nous, on n’est pas du genre à s’ouvrir et à vider notre sac. Elle est secrète, comme chacun d’entre nous dans la bande, et ça nous va. Disons qu’on est ensemble pour le meilleur et qu’on ne parle pas du pire. »
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_______ I drown without a sea, lungs fill with sorrow, lungs fill with misery _______ ©rédit : Je suis en effet très crédible. Age : 16 ans, bientôt 34. Pays : Népal, ce qui explique ma parfaite maîtrise du français. Double compte : J’en ai aussi un en Suisse, oui. Avatar : Oui, je l’ai vu, jolis effets spéciaux… (Une création de Code1310 sur deviantART.) Connexion /10 : 9/10, ce qui ne se simplifie pas. (C’est le temps de réponse au RP qui est plus fluctuante.) Comment avez-vous connu le forum : En soulevant les frites. Commentaire : Et bien il suffit de fermer la bouche ! (J'espère que l'histoire ne présente pas d'incohérences et qu'elle respecte bien le contexte du forum.)
Dernière édition par Shrapnel Hawk le Lun 21 Mai - 19:44, édité 4 fois |
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