Commencer une phrase par en nommer l'existence, voilà bien la preuve d'un manque d'inspiration. Pourtant, se peut-il que d'anodines pensées, forment au bout de leurs enchainements, quelque chose d'intéressant ? Ce n'était pas à prouver, la preuve était déjà toute trouvée. La suite, voilà l'intérêt !

Mettez dans une maison une enfant gâtée et fière, garçon manqué aux milles qualités propres à charmer, et au moins tout autant à vous dégouter. Vous ne la retiendriez pas longtemps, à moins que vous ne soyez à ses cotés. Or, Cilly venait de se lever, seule, dans son lit. Sa tête toute embuée des fumées de la veille se retournait depuis deux heures dans l'espoir de revenir visiter le rêve qu'il l'avait représenté aux cotés d'un garçon. Bien avant midi, elle lâcha l'affaire et se décida à lever tout son corps. Encore nue, elle passa dans sa salle de bains, mira son terne reflet dans le miroir en arrangeant bêtement ses cheveux avec ses mains, et sans plus de conviction descendit au rez de chaussée. La boutique étant encore fermé, la salle destiné à réceptionner ses clients restait pour le moment dans l'état bordélique d'un demi salon où trainait sans aucune impunité toutes sortes de vêtements et de boustifaille rescapé des veilles.

Fais chier... Demain j'arrête la drogue... Enfin, j'arrête les drogues, et puis je range tout ce bordel ! C'est nul à chier, y'a personne qui viendra jamais ici... Encore moins le prince charmant, merde, qui va me faire à bouffer ?

Elle sourit face à cette pensée, elle n'y croyait pas vraiment à l'amour et n'attendait aucun être pour remplir son estomac gourmand et gourmet. Mais à ses mots proférés, elle soupira, et pu engager son esprit vers quelques nouvelles réjouissances désirés. Déjà, elle ne désirait pas, ou plus, enfin tout cela au final n'était pas très clair... C'était le matin, elle pouvait pardonner cet état sans chercher plus loin.

Alors elle regarda, indifférente, les alentours, prît un reste de joint qu'elle alluma prestement. Aujourd'hui, il fallait sortir ! Guider sa passion vers de nombreux objets, et d'objectiviser tout cela, ça la mettait d'une humeur propre à réaliser des actions. L'esprit libéré des miasmes de la nuit, des rêveries, elle remonta rapidement les escaliers pour enfiler sa tenue favorite. Le mal était passé, vive réjouissance acquises en prenant conscience de la terrible journée qu'elle venait d'esquiver. Hier déjà elle était restée ici, seule, à jouer, à regarder des trucs, sous plein d'état d'esprit différents. C'était difficile au fond de vivre ainsi, plus aisé de partir se balader. Alors elle sortît, il était moins de onze heures. Dans la rue elle croisa de nombreuses figures, sans en reconnaître une seule, elle passa la première boutique de chaussures, puis l'épicier, et continua ainsi jusqu'à quitter les habitudes.

Bientôt elle ne reconnaissait plus les rues, pouvait s'émerveiller tranquillement, le sourire aux lèvres, des boutiques et des gens. Aujourd'hui elle voulait un endroit paisible. Tout en matant les couples, les enfants, en esquivant froidement le regard des hommes, elle réfléchît. C'était un exquis vent froid qu'elle désirait, tout son corps en tremblait d'excitation, elle s'arrêta de marcher. Voilà, en perdant son regard dans le vide, elle cherchait... Du vent... D'accord, eh bien, qu'elle était cette autre envie qui lui hérissait les poils ? Insaisissable, la touche de bonheur. Alors du vent... En fait, c'était de la fraicheur, oui, bien un renouveau à lui faire saisir la vie autrement. Autrement elle n'aurait qu'à rentrer et chercher cela avec ses drogues.
Son sourire se perdît en pensant à cette idée, tandis que son corps se remît à marcher, au hasard des rues. L'inspiration perdue, où pouvait bien se trouver la joie qui malgré toutes choses, continuait de l'habiter, prête à sortir face à n'importe quelle nouvelle situation.

Onze heures et demi, elle se trouvait en face du parc artificiel. Ce mot la répugnée, depuis toujours, elle y avait rarement mis les pieds, fâchée de ne pouvoir connaître la véritable nature, avec tout ce qu'elle avait lu dessus, des espérances aux souvenirs, c'était une profonde injustice de ne pouvoir comprendre l'éclat du soleil quand il baigne de sa lumière toute verdure. Mais au fond, même l'injustice, trop relative pour la mettre en colère, elle prît l'occasion de se retrouver devant pour y entrer...
Ce qu'elle vît l'émerveilla de même, des arbres, une belle pelouse que le soleil artificiel rendait chatoyante et claire. Elle déambula sur le parcours tracé entre les différents carrés de fleurs, passant à coté d'un bosquet, finalement d'une pelouse particulièrement bien éclairé, elle prît partit de s'y reposer. Ainsi elle pouvait admirer le faux ciel bleu... Fumer, ne pas fumer ? Ces jours derniers, Cilly ne prenait plus d'autres drogues que celle-ci. Elle sourit, contente de pouvoir se balader maintenant dans les rêveries les plus communes que son esprit ait échafaudé, et de s'en sentir si heureuse. Légère et bienveillante, elle se redressa finalement pour rouler tranquillement son plaisir, en sortant chaque élément de sa sacoche avec une tendresse précieuse. Banale action effectué, elle posa son chapeau prêt d'elle et alluma l'objet en s'allongeant de nouveau. Voilà, il n'y avait pas là ce que exactement elle avait cherché, mais il y avait bien quelque chose, et elle en profitait, un large sourire fermé parcourant son visage ensoleillé.