Je me trouvais dans mon bureau à l'affût d'un appel. Pourquoi ? Je crevais de faim depuis plusieurs jours. J'avais été contraint de dépenser mes dernières économies pour payer le loyer de ma maison. Depuis, j'étais contraint de manger des repas frugales. Un repas contenant que des légumes ne convenait pas à un homme de ma carrure. Des steaks saignants me plaisaient. J'en rêvais tellement que je me mis à baver dessus. Plus j'avais faim, plus j'étais en colère. Personne ne sonnait depuis plusieurs jours à mon téléphone. Il me fallait le plus vite possible un contrat. Je serais mon portable tellement fort qu'il faillit se briser entre mes doigts. Un appel soudain brisa le silence et me fit sursauter. Sans tarder, j'ai reçu l'appel tout en paraissant le plus calme possible. J'avais retenu mon souffle. Par chance, c'était une personne qui avait un contrat à me proposer. Il avait dû me connaître depuis l'assassinat d'un riche bourgeois. Ce n'était autre que moi. Tout le monde avait besoin un jour des services d'un assassin. Même derrière les gens des quartiers riches, se cachaient de véritables monstres. Mon employeur me donna rendez-vous à une adresse précise, pour déterminer le montant et l'objectif du contrat.

J'avais appris à ne jamais faire confiance aux employeurs après m'être fait arnaquer une première fois. Après cet appel, je courus immédiatement chez l'homme qui allait me verser une petite somme d'argent en échange de mes services. L'homme qui demandait mes services vivait dans les beaux quartiers du dôme. Ça me répugnait de voir les passants dans la rue en train de rire, vivre leur vie dans le luxe. D'autres passants me regardèrent bizarrement comme si j'étais une bête de foire, un être anormal, un alien. Étaient-ce mon style vestimentaire, ma coupe, la couleur de mes cheveux ou mon bandage qui les gênaient ? Un petit garçon me pointa du doigt avec une expression de surprise. Je lui ai envoyé un juron en pleine gueule sans gêne. Sa mère tenta en vain de lui boucher les oreillers et emmena son fils le plus loin possible. J'ai affiché un sourire de satisfaction puis j'ai repris mon chemin.

Des gardes m'ont fait entrer dans la maison de mon employeur. Il vivait dans une grande demeure, remplie de somptueuses cultures et de fabuleux tableaux. Mes accompagnateurs me firent entrer dans le bureau du propriétaire des lieux. L'employeur me reçut le sourire aux lèvres, visiblement impressionner par ma carrure. Il devait avoir une certaine confiance en mes capacités. Nous avons discuté longuement ensembles du contrat. Il m'avait même montré un chèque avec une somme coquette. Il ne lésinait pas sur les zéros, lui. C'est avec un large sourire et un regard de chasseur que j'acceptais sa proposition. Mais tout était trop beau. Il m'avait proposé d'avoir une coéquipière.

"Je refuse de travailler une femme, surtout une inconnue. Je ne sais même pas si elle est compétente."

Il m'expliqua brièvement les exploits de ma future compagnon. A ce que je venais d'entendre, elle était aussi bonne que moi dans le métier de tueur à gages. J'avais besoin à tout prix d'argent. C'est contre mon gré que j'ai accepté sa proposition. Un homme à l'extérieur entra en nous indiquant que Miss Snatch venait de pénétrer dans la maison. Je fus très impatient de découvrir l'apparence de cette femme. J'avais imaginé une femme estropié avec une pièce mécanique en mauvaise état et des vêtements à la mode. J'avais aussi pensé voir une femme d'une incroyable beauté à grosses poitrines, qui usait de son charme pour éliminer ses cibles. Mais ce fut autre chose. Miss Snatch était une petite femme, dans les un mètre soixante. Elle avait la particularité d'avoir les cheveux roses et de paraître très jeune. Je doutais à présent de ses capacités. Mais si mon...notre employeur n'avait pas menti au sujet de ses exploits, je pourrais lui faire confiance.

La nouvelle arrivée m'adressa un regard rempli d'hostilité. Elle-aussi ne voulait pas travailler avec moi. Pour ne pas les déranger, j'ai rapidement quitté cette pièce. La nuit-même de cette journée, j'avais eu l'idée d'explorer les alentours de la maison de ma cible. Je devais d'avoir un maximum d'informations sur celui-ci. Pendant toute la nuit, j'avais recherché des failles dans sa demeure, dessiné un plan approximatif de sa maison et compter les habitudes des gardes. Lorsque j'eus fini, le soleil s'était déjà levé. Préférant profiter de la matinée après cette nuit blanche, j'ai visité les horizons avant de tomber dans un restaurant récent. Ce restaurant, pour peu d'argent, proposait des repas à volonté pour concurrencer les restaurants adverses. Je ne me fis pas prier et avec les sous qu'il me restait, j'ai dévoré des repas succulents, assez pour tenir pendant toute la journée.

Après une deuxième balade, je m'étais décidé à rentrer chez moi, afin de faire rutiler mon sabre et préparer mes armes avant l'opération. J'avais opté pour deux poignards de quarante centimètres environ, d'un flingue muni d'un silencieux, de deux ou trois bombes fumigènes, de jumelles pour voir dans la nuit et d'une petite lampe torche. Bien sûr, je n'allais pas me balader avec mon kimono et mes bandages. Cette fois-ci, je portais une longue combinaison noir rajouté par une longue veste noire, des bottes imperméables et d'un masque entièrement blanc, qui cachait mon visage. Je ne voulais pas que l'on découvre mon visage. J'ai rajouté à la dernière minute une boîte de premiers secours, au cas-où. J'avais pris quelques cours de sauvetage ces temps-ci car ça pouvait toujours servir. A la vitesse de l'éclair, j'ai couru jusqu'au lieu de rendez-vous, c'est-à-dire devant la maison de la cible.

J'avançais en silence, après avoir repéré dans un coin Lily Snatch. J'ai ôté mon casque, pour qu'elle me repère. Cette fois-ci, j'avais mon oeil bleu à découvert mais elle pouvait me reconnaître à l'aide de mes cheveux violets. Avec un sourire sur les lèvres, j'ai posé délicatement ma main sur son épaule, pour pouvoir la faire peur.

"Miss Snatch ? Je suis Anthony, n'ayez crainte. Vous avez un plan ?"

Je n'aurais pas dû la surprendre. Lily Snatch m'attrapa si rapidement la main que je n'eus pas le temps de réagir. Elle m'avait neutralisé à l'aide d'une clef de bras. Dans cette position, je ne pouvais plus rien faire. Si cette naine était mon ennemie, j'aurais été mort sur le champ, bien sûr si je lui en avais laissé le temps. Elle me relâcha avec un regard noir, comme celui quel m'avait lancé chez notre employeur. Je sentais que ça allait être dur de gagner sa confiance. Enfin bref, elle m'exposa son plan. Un plan intéressant mais qui possédait des risques. Tous les plans comportaient des failles, même le notre. Notre plus grand ennemi était l'imprévu. C'est pourquoi, j'étais resté pendant quelques secondes à réfléchir sur son plan. Si j'allais en avant, on allait directement me trouver louche avec mon masque étrange et mon accoutrement. La cible allait savoir à un kilomètre à la ronde que j'étais là pour l'assassiner. De plus, ce ne serait pas surprenant de savoir que les deux gardes à l'entrée étaient en possession de talkie-walkie. C'était un objet pratique pour signaler le moindre danger.

Donc j'allais passer par derrière pour neutraliser la ou les personnes de cette partie de la demeure. Pourquoi ? Il y avait des chances qu'il n'y ait personne de l'autre côté. J'appréciais beaucoup attaquer mes adversaires par surprise sans qu'il ne s'y attende. C'était ma manière de leur dire salut, surtout que je ne voulais pas faire de mort inutile. Anthony m'avait appris la valeur de la vie. A force, j'avais compris que tout le monde avait sa place dans le dôme. Mais je devais d'abord aider Lily à entrer. Même si c'était une tueur à gages, elle n'était absolument pas impressionnante. Sa clef de bras m'avait surpris mais pas effrayé. Pendant un instant, je l'ai observé de la tête aux pieds. Ne pouvez pas m'empêcher de provoquer les gens, j'ai peloté un instant sa poitrine. A ce moment-là, le rouge me vint aux joues. J'ai reculé, à la fois gêné, content. Soudain, j'avais oublié qu'un tueur professionnel se tenait devant moi et non une femme banale et sans histoire. J'ai imaginé un instant une mort rapide, une balle entre les deux yeux. Heureusement, j'avais une explication à cet agissement.

"J'ai une raison pour ce que je viens de faire. Je sais que c'est comme une insulte pour un assassin mais vu la manière dont vous êtes habillé, je ne crois pas que vous êtes en mesure de neutraliser les deux gardes. Surtout que leur tirer une balle chacun entre les deux yeux attirerait l'attention des passants. Il faudrait faire le moins de morts possible. C'est pourquoi je vous propose de séduire les deux gardes tandis que je me faufilerais pour les assommer. Ensuite, je bloquerais toutes les issus de la maison et vous tuerez la cible. Ou sinon, on jouera au chat et la souris avec lui avant de l'éliminer. Je te laisse te préparer. Fais en sorte que tu sois le plus sexy possible."

Je ne pus réprimer un sourire sadique. Même Miss Snatch devait comprendre que ce sourire n'était pas pour elle et le fait qu'elle serait à faire tomber mais pour cette prochaine cible, dont j'avais l'envie irrésistible de tuer. J'avais vraiment hâte d'éliminer cette cible et d'empocher la prime de sa mort. Je fis comprendre d'un hochement de tête que je me fichais de ses remarques avant de m'en aller pour longer l'habitation et me positionner non loin des gardes. Je sortis l'un de mes poignards, au cas où. D'un coup, je commençais à avoir chaud. C'était surement la pression de la mission. Je n'avais aucune envie que l'opération échoue dès le début. Lily devait à tout prix me montrer ce dont elle était capable. Sifflotant tranquillement, j'étais à l'affût du moindre mouvement. J'espérais sérieusement que Lily allait surgir, plus belle que jamais ou sinon, ce serait elle ma prochaine victime.

Au moment où j'étais extrêmement concentré, un passant avança vers moi. Mon poignard siffla et créa un arc de cercle argenté. Je pris l'homme, le colla contre le mur pour coller ma lame contre sa gorge. A travers mon masque, je plongeais mes deux yeux dans les siens. La terreur se lisait dans son regard. Il ne tenta pas de s'opposer et je compris qu'il m'avait vu par hasard. Il me cria à la figure qu'il ne voulait qu'avoir du feu pour allumer sa cigarette. J'étais vraiment bête d'avoir agi comme ça. J'ai tiré depuis ma place dans son crâne. Il s'effondra au milieu des nouveaux passants qui s'arrêtèrent pour l'observer. Personne ne m'avait vu. Le silencieux de mon pistolet était très pratique. Cet homme aurait pu se révéler gênant par la suite. Pourquoi ? Il irait directement raconté au commissariat le plus proche qu'un homme louche traînait dans le coin, avec deux poignards avec lui. C'était tellement logique. Mais je n'ai pas pu poursuivre mes réflexions, je voyais Lily sortir de sa cachette. Je devais à présent agir.