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 "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~

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Akira Takeshi
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Akira Takeshi


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MessageSujet: "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~   "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~ EmptyJeu 21 Juin - 0:00

Quand le chuintement caractéristique de la porte se fit entendre, Akira ne leva même pas les yeux de son livre. Il avait droit à un livre par semaine, privilège qu’il avait obtenu en échange de sa promesse de ne plus saccager le mobilier ou les installations quand il passait des tests. Il fallait bien tromper l’ennui d’une façon ou d’une autre et cette méthode avait l’avantage de l’instruire. Il ne pouvait pas suivre ses études à cause de sa capture mais il pouvait continuer à apprendre et à se cultiver un peu. Comme ses occupations se comptaient sur les doigts d’une main, il passait beaucoup de temps à chacune. Ses heures de lecture devaient crever le plafond depuis le temps.
Un homme entra dans la pièce. C’était l’un des scientifiques qui tournait toujours autour du Doc. Ils étaient plusieurs à graviter autour d’elle, s’occupant de ce qu’elle n’avait pas le temps de faire. Ou pas l’envie. Celui-là était assez jeune, grand, plutôt imposant pour une grosse tête même. Le nez sur sa tablette, c’était un habitué des lieux. Le seul qu’Akira tolérait la plupart du temps dans sa cellule sans finir par lui jeter quelque chose à la tête. La raison était simplement que le jeune homme s’en serait voulu d’abimer le visage émacié de son tortionnaire. Et que cette voix grave qui lui donnait des instructions l’apaisait assez.


« Bonjour Akira, bien dormi ? »

C’était gentil de faire semblant de s’en soucier.

« Assez. Et toi Donovan ? »

« Je m’en sors. Lâche ton livre, t’as du travail. »

Un sourire ironique étira les lèvres du cobaye tandis qu’il remettait le marque-page sommaire qu’il s’était fabriqué entre les pages de l’ouvrage. Ses gestes étaient calmes, soigneux. Il avait du respect pour les livres.

« Tu veux dire que TU as du travail. Ça sera quoi aujourd’hui ? »

« Un nouveau composé à tester. »

Le scientifique leva enfin le regard vers son sujet d’expérience. Comment un jeune aussi fluet pouvait tenir le choc alors que tant d’autres avaient cassé leur pipe ? Il avait toujours des résultats positifs et tenait bon depuis un peu plus de trois ans maintenant. Comme quoi il ne faut jamais sous-estimer la mauvaise herbe qui pousse dans l’ombre d’une ruelle abandonnée. Le cabot des rues quitta son siège pour se lever et faire face au dénommé Donovan. Il y avait bien une tête et demie de différence entre eux.

« Aller suis moi. Et sans faire d’histoire cette fois. »

Aki préféra ne pas répondre. Les fois où il quittait docilement sa cellule pour aller se faire injecter quelque chose pouvaient presque se compter sur les doigts des mains. Le reste du temps, i fallait toujours l’en tirer ou lui attacher les pieds pour qu’il ne parte pas en courant ou les mains pour éviter de se prendre des coups. Il était costaud malgré son air un brin chétif. Alors quand il sortait sage, comme un grand et sans pousser de jurons, c’était que la journée était bonne. Ou que la personne qui l’invitait à sortir était la bonne.

Tous les couloirs se ressemblaient. Assez vides, stériles, trop rarement percés de fenêtres. Et encore, ce n’était jamais autre chose que des cours intérieures que l’on voyait à travers les vitres. Le vagabondage dura un bon moment cette fois. Les quelques blocs que le jeune homme connaissait furent laissés derrières et ils explorèrent de nouveaux couloirs. Akira ne posa pas de questions. A quoi bon ? Ils allaient surement dans un nouveau labo ou alors dans une salle plus grande. Pas de quoi en faire tout un foin. De toute façon, s’il s’écroulait on le traînerait à sa cellule, qu’elle soit loin ou non.
Donovan ne marchait pas vite mais il avait de longues foulées. Sa blouse blanche tout juste ouverte sur un haut bleu foncé flottait derrière lui comme une cape. Sa tablette sous le bras, le regard braqué en avant, il avançait de façon déterminée. Une aura imposante émanait de toute sa personne. Il avait l’air d’être en chemin pour sauver le monde. Le jeune cobaye l’observait, à la fois fasciné par cette assurance et un peu amère : il n’allait pas sauver le monde, il allait simplement planter une aiguille, une de plus, et injecter une potion dans les veines d’un être vivant.


« Pourquoi tu fais ce taf Don ? »

« C’est Donovan. Parce que j’aime ça. »

« Tu aimes faire souffrir des gens ? »

« Je veux aider la population du dôme. J’aime participer à l’avancée de la science, à la découverte de nouvelles...choses. »

Le jeune délinquant n’ajouta rien. Il trouvait ça stupide. Peut-être qu’un autre jour et avec une autre personne il aurait réagit violemment, aurait empoigné son interlocuteur pour le secouer en lui hurlant que même l’avenir d’une population ne pouvait pas justifier le gâchis de vie qui était fait entre ces murs. Mais cette fois il se contenta de laisser couler et de revenir au silence. Il était obligé de trotter presque pour rester derrière le scientifique. Quel étrange duo ils formaient : l’un tout en blanc, chaussures lourdes et air de conquérant, l’autre, pieds nus, tout de noir et gris vêtu, les épaules légèrement courbées comme une bête en territoire ennemi.
Ils parvinrent finalement à destination. La porte coulissant pour les laisser entrer et se ferma derrière eux dans un bruit discret. Devant eux, un petit couloir. La première porte donnait sur une salle avec un siège muni de sangles. Tout était blanc, un meuble métallique faisait l’angle au fond et une tablette avec des instruments attendait près du siège. Un robot de pointe intégré au fauteuil faisait tout le travail à la place des médecins. Comme ça, si ça explosait personne n’était taché. Sans qu’on le lui demande Akira entra et s’installa dans le fauteuil. Les sangles se refermèrent toutes seules autour de ses poignets, de ses chevilles et de sa taille. Une vague de stress monta et par acquis de conscience il s’agita. Donovan se pencha sur lui pour ajuster ce qui lui maintiendrait la tête. Une odeur chaude enveloppa le jeune homme qui se figea.


« Arrêtes de bouger, tu sais que c’est plus dangereux qu’autre chose. Ça ira vite, ne t’en fais pas. »

Il avait presque murmuré, affolant sans le savoir le cœur du jeune homme. Ne pas remuer, il en avait de bonnes ...La tête coincée dans une sorte d’étau, les membres ligotés, le sujet 2D ne pouvait plus bouger un muscle. Son séduisant bourreau s’éloigna puis lui tourna le dos et sortit de la pièce. Il allait rejoindre la salle de contrôle de l’autre côté de cette grande vitre sans teint. Un grésillement marqua la connexion du micro et des haut-parleurs. La voix légèrement déformée du scientifique vibra dans tout le labo.

« On va commencer tout de suite. Le docteur Dreizehn arrivera plus tard. »

Le robot entra en action. A peine plus bruyant que la porte, il prit entre deux doigts métalliques une petite capsule d’un liquide bleuté qu’il intégra à son ensemble. Rapidement une seringue apparut avec la capsule en guise de contenant. Un frisson désagréable fit trembler le garçon. Sans une once d’hésitation, la machine se mit en mouvement. Elle ne visait pas le bras cette fois, elle visait le cou.

« Putain Don ! Tu fous quoi ? Tu vas pas me planter ça dans le cou quand même !? »

« Reste calme, tout va bien se passer, rassures toi. Il faut que l’injection soit le plus près possible de la tête. »

Le cobaye paniqué n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que déjà l’aiguille se plantait dans son cou. La peur lui écrasait la poitrine, la brûlure le tortura. Tout ce qu’il pouvait faire c’était hurler, de terreur et de douleur. En trois ans, il était plus terrifié par les seringues que jamais. Affronter sa peur quotidiennement ne l’avait en rien aidé. Quand enfin l’engin de torture se retira, Akira était en nage, agité de tremblements incontrôlable et les larmes aux yeux. Finit le cabot qui montre les crocs, il ne restait plus que le chaton affolé et perdu que plus rien ne protégeait, même pas son apparente insolence. La porte s’ouvrit à nouveau et Donovan s’approcha d’un pas rapide, l’œil critique. Il vérifia son sujet de test sans le détacher, s’attardant sur ses yeux. L’air satisfait, il retira les sangles avec une certaine méfiance, prêt à s’écarter au moindre geste brusque. Mais 2D était en trop en état de choc pour faire quoi que ce soit. Constatant qu’il était inutile d’attendre qu’il se lève par lui-même, le scientifique glissa une main dans son dos et prit son bras en travers des épaules pour le mettre sur pieds. Les jambes flageolantes, le jeune homme reprit peu à peu contact avec la réalité. Porté plus que guidé vers la sortie, il quitta la salle des tortures pour retourner dans le couloir. Un peu plus au fond, une nouvelle porte donnait sur ce qui aurait put être un petit gymnase. On comptait un parcours d’obstacle, un petit mur d’escalade, un vélo d’intérieur, un tapis de course et des poids. De quoi tester absolument tout sur le corps malmené du délinquant.

Le chercheur dut comprendre qu’il ne servait à rien d’insister pour le moment et permit à Aki de s’assoir sur un banc posé là, contre le mur. S’asseyant à ses côtés, il examina à nouveau ses yeux, prit rapidement sa température et sa tension et nota tous les résultats sur sa tablette. Puis il expliqua tout ce qui suivrait : d’abord un peu de course à pied. Puis de l’escalade, quelques coups de pédales et pour finir le parcours entier. Il ne dit pas quels effets devait avoir le produit nouvellement injecté.


« Tu m’as donné quoi ? »

« Du T-c30. Une formule mise au point par le docteur et moi-même. Ça agit sur la vue. »

« Fait chier...Je vais terminer aveugle avec vos conneries... »

« Mais non, rassure toi, je suis là pour prendre soin de toi, pas pour te laisser mourir. Tu es trop précieux pour nos recherches. »

Spoiler:
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Faye M.K. Dreizehn
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MessageSujet: Re: "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~   "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~ EmptyJeu 21 Juin - 1:27

Faye recule d’un bon pas et s’essuie le front avec la manche de son sarreau de médecin. Elle se sentit soulagée lorsque le bras mécanique bougea sous ses yeux. Cet homme pourra enfin avoir la vie qu’il attendait. L’opération venait de durer bien plus longtemps que prévu, trop longtemps selon Faye. Ses yeux verts se portent sur l’horloge numérique au mur est de la salle d’opération tandis qu’elle se précipite par la sortie. Une fois la porte passé, elle aperçois de l’autre coté de la vitrine son assistante Erika. Elle lui sourit juste avant d’entrer dans la salle de décontamination.
C’est après un bon cinq minute qu’Erika intercepte le docteur Faye, toutes deux se dirigent vers les ascenseurs. Sans perdre de temps, Erika tend à la rousse sa tablette multifonction. Faye a toujours eu une haute estime de la jeune blonde. Elle la sait intelligente, perspicace. Bien qu’une certaine gêne l’entoure, c’est un atout de choix dans le petit groupe.

- J’ai prit un peu d’avance et j’ai cancellé tout vos rendez-vous de la journée.
- Tu as bien fait Erika. Le projet est bien plus important. Dis moi quelle est la situation de 2D.
- Il y a quelques minutes Donovan l’a sortit de sa chambre. Il était calme et disposé à coopérer. Il a dû lui administrer l’injection à l’heure qu’il est.
- Le T-c30 ? Comment il l’a prit?
- Oui, le T-c30. Je ne sais pas comment 2D à réagit, je n’étais pas là et Donovan n’a pas encore mis à jour le dossier. Nous nous attendons à une assimilation rapide. Étant donné les récents résultats le produit devrait s’être mélangé avec aise a son système.
- T-c30 a été spécialement conçu pour lui...

Erika continu son rapport en parlant de Lorelei puis de Madison. Lors qu’ils entrent dans l’ascenseur, c’est Erika qui s’occupe d’appuyer sur les boutons. C’est également elle qui s’occupe de les faire passer aux contrôles. Erika connaît bien la femme rousse. Elle bosse dure pour mériter le respect et la confiance du docteur. Depuis quelques mois d’ailleurs elle a le loisir de connaître certains buts plus ou moins secrets du docteur Dreizehn. Bien qu’elle ne soit pas une experte au même titre que Donovan, Sieg, Valence ou Maxim, elle se sent privilégiée d’ainsi être aux cotés de Faye plus souvent que les autres. Erika écoute souvent sa patronne lorsqu’elle réfléchie à voix haute. Parfois elle lui partage ses pensées, parfois non.
Elle n’eut pas le temps de commencer le rapport de Farouq qu’ils arrivaient déjà devant la salle d’injection. Faye y interpelle l’androïde d’entretien qui l’informe que le sujet est déjà dans le gymnase. Sans même le remercier, elle s’y dirige d’un pas hâtif. Juste avant d’arriver devant la porte, Erika renseigne le docteur sur les changements tout juste effectué au dossier d’Akira. Après les avoir lu, Faye entre en compagnie d’Erika au moment où Donovan termine sa phrase. Faye lance un regard froid vers Akira, comme si ce n’était pas lui qu’elle observait mais quelque chose en lui. Puis elle tourne ses yeux verts sur Donovan. Sans dire un mot elle tourne les talons et se dirige vers une petite passerelle.

- On commence dès qu’il peut tenir sur ses pieds. Dit-elle d’un ton extrêmement froid.
- Docteur, je ne crois pas que... Tenta de répondre Erika en suivant Faye.

Faye se tourna vers elle et la fixa droit dans les yeux. Erika se figea et se tut. L’humeur de sa patronne venait de changer du tout au tout. Qu’elle soit épuisée ou stressée, Erika se dit qu’elle pourrait quand même faire un petit effort et les saluer correctement. Ce n’est pas la première fois qu’elle la voit ainsi. Elle l’est à chaque fois qu’elle se trouve a proximité d’Akira. Parfois, elle se demande si Faye ne fait pas exprès d’attiser la colère du jeune homme.
Donovan laissa filer un petit soupire. Il se pencha vers Akira pour lui offrir quelques mots réconfortants.


*****
Non, ce n’est pas ce que vous croyez. Vous ne comprendriez pas même si je vous l’expliquais. Ce jour là j’avais décidé de tester un produit spécial. Non... Il n’était pas sans rapport au projet Tsunami mais il n’en concernait pas le but principal. Je sais que c’est pour cela que je suis ici aujourd’hui, dans cette salle d’interrogation.
...
Je n’avais pas spécialement envie d’inclure 2D, Akira, dans mes projets mais sa résistance et sa volonté ont fait de lui un survivant. Je voulais des résultats, et je les voulais immédiatement. Quelque part au fond de moi, je redoutais l’évolution D’Akira Takeshi. Mais en même temps, en tant que scientifique, je n’ai pas pu résisté...
...
Je suis monté sur la passerelle et j’ai laissé Donovan s’occuper d’Akira. Avec Erika à bord, nous avons élevé la passerelle à une hauteur respectable, juste assez haute pour bien voir tout le gymnase même si seulement un petit espace allait être utilisé. J’ai fait signe à Donovan de commencer par la course à pieds. Je voyais très bien l’agacement du sujet, et je lui répondis avec un sourire déplaisant, moqueur. De là-haut, je me sentais... Supérieure.
Le T-c30 était spécial. Il était sans danger pour le sujet, mais s’il ne coopérait pas avec les exercices il risquait des effets secondaires. Son système avait besoin de faire circuler le produit et de nous assurer qu‘il se rendait bien dans le cortex et les yeux. L‘injecter directement dans les yeux l‘aurait rendu aveugle, ou l‘aurait tué. Nous avions besoin de relevés adéquats. Il y avait aussi un peu de mon entêtement et... J‘aimais bien le faire souffrir. Le voir se trémousser tout en bas ne me satisfaisait pas totalement...
Jugez autant que vous voulez! Je ne m’attends pas à de la compassion venant de vous! Ni de mes cobayes...

Ni de mes assistants...

J’aimerais qu’on me ramène, je veux être seule...
*****


Malgré les efforts d’Erika, elle ne parvint pas à faire changer d’avis le docteur. Elle baissa les yeux vers Akira, elle s’en voulait de laisser passer une telle froideur... Cette cruauté. Elle ravale ses sentiments. Cependant, elle écrit quelque chose sur sa tablette et envoie le message à Donovan. Celui-ci montra la tablette à Akira tandis qu’il tentait de le mener à la première machine de torture. Le message n’avait rien d’exceptionnel, mais peut-être qu’Erika ne savait simplement pas quoi écrire d’autre.

« Désolée » disait le message, accompagné d’une version miniature d’Erika qui faisait la moue.
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Akira Takeshi
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MessageSujet: Re: "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~   "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~ EmptyJeu 21 Juin - 8:49

A peine le docteur fut-elle dans la pièce qu’une vague de froid sembla glacer l’atmosphère. Plus aimable que Faye envers Akira, on ne faisait pas. Le jeune homme lui témoignait une haine brûlante et en retour, elle s’employait à le torturer méthodiquement et avec un petit sourire qui le mettait hors de lui. La voir dans la salle le détourna rapidement du souvenir traumatisant de l’aiguille dans son cou. Comme un ciel qui brusquement tourne à l’orage, le visage du sujet 2D s’assombrit. S’il pouvait tuer d’un regard, nul doute que la scientifique aurait déjà été terrassée.

« On commence dès qu’il peut tenir sur ses pieds. »

« C’est un plaisir pour moi aussi de vous revoir Docteur Cinglée. »

Elle s’éloigna sans un regard, son assistante sur les talons. Akira n’était même plus sur de son prénom mais on pouvait dire qu’il l’appréciait assez. De façon générale, il en voulait moins aux assistants qu’au professeur même si aucun n’avait le don de le calmer comme Donovan. Peut-être était-ce d’ailleurs pour ça qu’on lui avait attribué ce médecin. Ce dernier se pencha un peu sur lui, pour combler la différence de taille et posa une main sur sa nuque. Un geste anodin qui eut quand même pour effet de détourner l’attention du cobaye de son tyran aux cheveux roux.

« Aller Akira, faut faire un effort. Tu retourneras te reposer en cellule après. »

Une petite sonnerie attira l’œil des deux hommes sur la tablette du scientifique. Après un rapide regard, Donovan en fit profiter son sujet de test. Un message bref mais compatissant venant de l’assistante. Ils étaient bien aimables aujourd’hui. Peut-être était-ce parce qu’il se tenait relativement sage depuis deux ou trois jours ? Quoi qu’il en soit, quand Akira leva les yeux vers la passerelle, il ne vit que le petit sourire méprisant du la Grande Tarée. Furieux, il se leva sans attendre et se dirigea vers le tapis de course, laissant le soin à son semi-protecteur de le mettre en marche. Il ne la laisserait pas jubiler longtemps. Si elle pensait pouvoir l’achever avec son produit dégueulasse, elle se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude !
Enragé par cette idée, le jeune cobaye se mit à courir. Il avait horreur de ça mais il devait bien reconnaitre qu’en trois ans, à force de passer des tests physiques d’une longueur indécente, il s’était forgé un corps musclé et endurant comme jamais. Dans ses périodes optimistes il se disait qu’au moins cet enfermement permanent était comme une séance de remise en forme géante. Si on excluait les injections, les inhalations de gaz et toutes les fois où il avait été malade à cause des produits qu’on lui faisait ingérer. Parce que s’il résistait, il réagissait parfois méchamment à ce qu’on lui administrait. Mais quand tout le monde le pensait à l’article de la mort, il se rétablissait comme par enchantement et reprenait sa vie comme si de rien était. Si quelqu’un quelque part s’amusait à dessiner une courbe de sa santé, elle devait ressembler à la plus escarpée des chaînes de montagnes.

Le tapis défilait sous ses pieds à bonne vitesse. Trottiner ne lui convenait pas, il préférait s’essouffler plus vite mais courir pour de bon. Donovan garder les yeux rivés sur l’écran et transmettait Dieu sait quels résultats à sa patronne en haut. De retour dans la peau du sale cabot hargneux, le jeune délinquant leva les yeux vers sa tortionnaire.


« Ça va la vieille ? Pas trop fatiguée ? Tu d’vrais surveiller ton poids, tu vas finir par devenir vraiment grosse s’tu continues à t’installer confortablement pour regarder de loin. Un p’tit tour sur le tapis te f’rait pas d’mal d’ailleurs ! »

Aussi loin que n’importe quel scientifique puisse se souvenir, jamais Akira ne s’était adressé autrement à Faye que sur ce ton insolent et agressif. Si Don était son calmant, elle, elle était son stimulant. Personne ne se permettrait de juger si c’était de la bonne ou de la mauvaise stimulation mais les fois où il ne réagissait pas à ses regards ou à ses remarques étaient rares et ne signaient que les jours de grande tristesse. La chef fit un geste et son assistant s’exécuta comme un gentil petit chien. Signalant simplement qu’il allait augmenter la cadence, le grand scientifique appuya sur un bouton et le tapis tourna plus rapidement. Akira ne se laissa pas surprendre et continua sa course. Étrangement, il sentait comme un brouillard dans son esprit. Comme s’il avait bu ou s’il était très fatigué. Sa vue se brouillait par intermittence et une douleur sourde grondait dans son crâne. Mais qu’est-ce qu’ils lui avaient encore fait ?
Préférant ne pas le montrer, comme toujours, il mit de côté ses considérations de santé pour se concentrer sur sa respiration. Il ne laisserait pas à Faye le plaisir de le regarder souffrir. Du moins pas tant qu’il pouvait l’éviter. Oui, il connaissait son prénom, mais c’était trop plaisant de l’appeler par toute une batterie de nom d’oiseau plutôt que par son dénominatif normal... Si ça pouvait l’énerver, il était satisfait. Tout deux jouaient à un jeu stupide, celui qui énerverait le plus l’autre, mais bien qu’Akira en sorte toujours perdant avec des douleurs supplémentaires, il continuait d’y participer sans retenu. Peut-être même était-ce ça qui le maintenait en vie, cette hargne de toujours s’en tirer pour pouvoir répondre vertement aux provocations qu’on lui lançait.

L’exercice dura un long moment encore. L’avantage, c’était qu’il était assez fatiguant pour qu’on prenne ses symptômes de souffrance pour de la fatigue : la peau brillante de sueur, le souffle court, le corps plié en deux sous l’effort. Donovan ralentis le rythme jusqu’à l’arrêt du tapis et tendis une serviette au sujet. Test suivant : l’escalade. D’épais tapis attendaient à la réception au cas où le grimpeur tomberait. La hauteur n’était pas assez importante pour se faire mal, même en tombant du sommet. Le jeune homme accrocha les premières prises sans problème. Ses jambes tremblaient un peu mais pas assez pour le faire tomber. Arrivé à un tiers du mur, ses yeux lui posèrent à nouveau problème. N’y voyant presque plus en détail, Aki évaluait également mal les distances. Plus lents et plus hésitants, chacun de ses gestes était un effort. Dans son cou, sa veine récemment percée palpitait douloureusement. Plusieurs fois il s’écorcha la main en voulait saisir une prise. Petit à petit, ses membres se crispaient et tremblaient plus fortement. Bientôt la voix grave de Donovan retentit en contrebas :


« Akira ! Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu n’avances plus ? »

« Je ne...peux pas... »

Un brutal éclat de douleur explosa alors dans sa tête. Par réflexe, ses mains se portèrent à ses tempes et il lâcha prise. Le cobaye 2D ne se rendit même pas compte qu’il tombait. La chute fut courte mais l’atterrissage se fit tout de même sentir. Un choc dans son épaule lui signala vaguement qu’il était arrivé au sol mais son esprit était trop occupé à essayer de contenir la douleur atroce qui le transperçait. Les mains serrées de part et d’autre de sa tête, Akira serrait les dents aussi fort que possible pour ne pas crier. Tout son corps était agité de tremblements qui se transformèrent en spasmes. Dans sa tête, c’était comme si de l’acide s’appliquait à ronger la moindre parcelle de son cerveau. Quand la douleur remonta aux yeux, le jeune homme ne put retenir un hurlement de douleur. Allongé sur le tapis, tordu par les souffrances dont il était la proie, le monde qui s’agitait autour lui était indifférent.

A côté de lui, Donovan essayait tant bien que mal de le contenir pour pouvoir l’observer. Il n’aimait pas le voir souffrir, ça pouvait se lire dans son regard mais il était de son devoir d’observer d’abord les effets du produit pour les noter puis de s’inquiéter du sujet. Une réaction si violente n’était pas tout à fait normale. Avait-il trop attendu ? Assis à califourchon sur le jeune homme pour le maintenir du mieux qu’il pouvait, il lui écarta les mains avec un grognement d’effort. Trop occupé à libérer son champ de vision, il communiqua ses remarques à voix haute pour que sa supérieure les enregistre :


« Le sujet réagit violemment au T-c30. Peut-être à cause de la trop longue attente. Il semble souffrir de maux de tête fulgurants. Ses yeux sont révulsés mais on peut apercevoir un peu de l’iris. Elle ne semble plus aussi foncée qu’avant. Je rappelle que le sujet a les yeux noirs à l’origine. Les membres semblent à demi tétanisés et tout le corps est agité de spasmes réguliers et rapides. L’expérience 2D ne semble pas consciente de son environnement. »

Le grand blond tourna son regard glacé vers la passerelle. Il avait toujours cette expression déterminée et fermée qui le caractérisait si bien.

« Docteur, on devrait le ramener à sa cellule et attendre. Il n’est plus en état de faire quoi que ce soit à présent. »

On fit venir un brancard auquel on sangla le jeune homme pour éviter qu’il n’en tombe ou ne frappe involontairement les gens à proximité. Toujours agité de soubresauts brusques, Akira était depuis longtemps partit loin de son corps, tombé dans une sorte d’inconscience qui lui permettrait au réveil de ne plus se souvenir vraiment de ses douleurs. Son ange gardien lui fit mordre ce qui pouvait ressembler à un protège dent pour éviter qu’il ne se fasse mal en serrant la mâchoire ou en se mordant la langue. Puis il posa sur ses yeux une poche de gel froid, unique solution pour apaiser la douleur. Juste avant de sortir il s’arrêta en bas de l’escalier de la passerelle pour laisser le loisir à sa supérieur d’examiner à son tour le sujet et noter ce qui aurait put lui échapper.


Dernière édition par Akira Takeshi le Sam 23 Juin - 12:25, édité 1 fois
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Faye M.K. Dreizehn
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MessageSujet: Re: "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~   "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~ EmptyJeu 21 Juin - 17:24

*****
...
Je savais que mes assistants agissaient parfois derrière mon dos. Mais je n’avais que faire de leurs sottises. Tant que leurs idioties ne dérangeaient pas les résultats, je laissais passer. Cette fois également. Ils sont intelligent et juste assez indépendant, c’est pour ça que je les ai choisit comme assistants. Et aussi parce que j’aimais bien leur personnalité respective. Je pensais qu’ils pouvaient combler là où je laissais un vide. J’avais raison de le croire. Vraiment, des gens exceptionnels.
...
Ce petit vaurien, ce moins que rien de cobaye. Ô combien je voulais le démembrer. Personne ne m’aurait arrêté, rien ne m’en empêchait. Je voulais descendre et lui donner la frayeur de sa vie. Cet énergumène que la société a rejeté osait m’insulter ouvertement. J’allais répliquer, le remettre à sa place, mais je ne l’ai pas fait. Au lieu de cela, j’ai décidé de lui faire vivre l’enfer encore une fois. C’est ce que je me disais juste avant de poser les yeux sur l’afficheur de données. Donovan fit accélérer le rythme à ma commande. Le produit T-c30 avait été conçu expressément pour Akira afin de minimiser les risques et d’augmenter les chances de réussites. Mais j’étais loin d’être préparée à ce qui se déroulait sous mes yeux. Ça m’a calmé, pour le moment. Ou plutôt, changé mon agacement de place. Je ne pouvais pas agir tout de suite, je devais attendre que le sujet tombe ou qu’il termine les exercices. Normalement 2D n’est pas aussi faible, c’est un peu grâce au programme que j’ai mis en place pour lui qu’il est devenu aussi endurant. Pourtant malgré sa façade brave... Je me doutais qu’il ne se sentait pas très bien, mais il ne dit rien et se contenta de courir jusqu’à la fin. Je ne pouvais pas rester les bras croisés, mais je ne pouvais pas l’interrompre non plus.

*****


Faye fit descendre la passerelle au moment où le sujet cessa de grimper. Elle n’attendait que cela. La rouquine ne se précipita pas pour autant sur le cobaye. Un dernier regard sur le moniteur, puis elle demanda à Erika de noter l’heure. Erika hoche du chef. Le docteur s’avance ensuite vers Akira et Donovan, pas au pas de course, mais pas seulement en marchant.

« Le sujet réagit violemment au T-c30. Peut-être à cause de la trop longue attente. Il semble souffrir de maux de tête fulgurants. Ses yeux sont révulsés mais on peut apercevoir un peu de l’iris. Elle ne semble plus aussi foncée qu’avant. Je rappelle que le sujet a les yeux noirs à l’origine. Les membres semblent à demi tétanisés et tout le corps est agité de spasmes réguliers et rapides. L’expérience 2D ne semble pas consciente de son environnement. »

Le grand blond tourna son regard glacé vers la passerelle. Il avait toujours cette expression déterminée et fermée qui le caractérisait si bien.

« Docteur, on devrait le ramener à sa cellule à présent et attendre. Il n’est plus en état de faire quoi que ce soit à présent. »

Faye le laissa parler. Elle l’écoutait, donnait une grande estime à ses arguments et valorisait son leadership. Elle pinça l’ongle de son pouce entre ses dents, une mauvaise habitude, une manie à chaque fois qu’elle réfléchissait intensément. Après quelques secondes de silence, elle prit l’outil des mains d’Erika et alluma la petite lumière au bout du ‘stylo’. La femme déplaça le sac de gel froid pour diriger la lumière directement dans les yeux du sujet. Bien que ce ne fut pas tout à fais nécessaire, elle écarta également les paupière du jeune homme. Ce qu’elle vit fut suffisant pour la laisser perplexe.

- Non, répondit finalement la femme médecin en reposant le gel sur les yeux du cobaye. Ses pupilles sont dilatés. Si on l’emmène quelque part, c’est en salle d’opération. Préparez deux litres pour transfusion. Je veux une photo de ses rétines dès qu’on arrive. Anesthésie locale autour des yeux. Attachez-lui la tête, il ne faut pas qu’il bouge.

*****

Bien sûr que je n’allais pas le laisser se trémousser sans rien faire. Même si j’y prends plaisir, je suis aussi son seul espoir de s’en sortir. Vous savez, quand j’ai reçu la visite du fondateur du projet, j’ai été informé sur un sujet précis. S’il advenais que les cobayes survivent, non seulement serions nous en possession de la réponse, mais en plus les cobayes seraient pardonnés et offert une nouvelle vie. Vous n’êtes pas prêt à entendre le reste de cette histoire. Vous ne comprendriez pas... J’étais vraiment leur dernier espoir. Ironique, n’est-ce pas. Avec moi il ont vécu le pire calvaire qu’on puisse imaginer, mais au final...
...
Avec Erika et Donovan, nous avons conduit 2D, Akira Takeshi, à la salle d’opération la plus près. À peine deux ou trois minutes pour nous, mais probablement de longues heures pour lui. Le temps est relatif dans ces situations là. Tout parait déformé, plus long, plus difficile. J’aurai juré l’entendre balbutier quelques mots, j’ai pensé au délire et à l’hallucination, mais peut-être était-ce mon imagination.
Une fois rendu, Donovan et moi-même avons transféré son brancard sur la table d’opération. Pendant que j’insérais un tube dans le bras d’Akira, Erika est parti dans la pièce voisine chercher du matériel. Donovan à injecté un puissant calmant afin d’arrêter les convulsions autant que possible. Nous avons fait appel à quelques infirmiers disponibles dans le bloc. Ils sont venus nous assister, m’assister pendant que j’anesthésiais la région des yeux. Erika est revenu avec le sang et un égouttoir. Le T-c30 est en fait la troisième version du produit. Les deux précédentes ont échoués. Le cerveau du premier a presque fondu dans son crâne. Quant au second, il fait parti des chefs d’accusations principaux. Meurtre au premier degré...
...
Ce n’est pas ma spécialité, mais je lui ai moi-même opéré les yeux. Aidé par la mécanique préprogrammé. Ce n’était pas grand chose, juste posé une ceinture de silicone derrière ses rétines. Elles étaient sur le point de décoller. Quand ce fut fait, je demandai à Donovan d’aller me chercher le produit X74D-09. Parmi mes assistant, il est le seul à ne pas connaître les effets de la série X74D. Erika s’est exprimé aussitôt seule à seule avec moi. Une brave femme, j’ai toujours admiré son courage et son dévouement.

*****


- Docteur! Je suis contre l’idée d’administrer ce sérum à Akira. Les effets ont été catastrophiques sur tous les cobayes! Je ne crois pas qu’il soit capable d’encaisser le choc après ce qui vient de se passer.

- Et pourquoi crois-tu cela? Le T-c30 est un succès. Il est beaucoup plus résistant que tous les autres. De tous les cobayes, Akira est le seul qui a su assimiler la série 3O. Il représente quatre ans de recherches intensives.

- Raison de plus pour attendre quelque temps. Rien n’est encore sûr! Dreizehn, si vous portez quelconque estime envers Akira laissez-le récupérer avant de tenter quelque chose d’aussi risqué. Le X74D, même pour Akira c’est trop.

- Tu me demandes de laisser passer une chance qui ne reviendra probablement jamais!

- Je vous demande de vous assurer qu’Akira puisse l’assimiler lorsqu’il sera remis du T-c30. Pas d’abandonner.

Faye se tut. Elle se dit que son assistante n’a pas tort. Même si elle veut absolument des résultats immédiats, il serait préférable de ne pas pousser sa chance ni celle d’Akira. Elle ne l’apprécie pas, mais ce jeune homme à la chevelure noire porte sur ses épaules deux espoirs. Faye baisse son regard vert aux reflets d’argent sur le corps du cobaye. Elle pose la main sur son abdomen et ferme les yeux. « Qu’est-ce que je fais là? Elle a raison, je dois me concentrer sur l’objectif. Je laisse mon impatience me contrôler... »

- Très bien, dit elle. Dis à Donovan de laisser tomber le X74D-09. Qu’il aille s’occuper de Madison et Farouq pour le reste de la journée. Aide moi à le remettre sur le brancard, je vais le ramener dans sa cellule moi-même.

Erika sourit avec soulagement. Elle relaie le message au grand blond aussitôt dit. Puis elle aide Faye à déplacer Akira de nouveau. Elle fait part de ses réflexions concernant d’autres produits ainsi que de ses interrogations tout au long du chemin en direction des cellules. Faye répond et discute avec Erika, mais elle ne semble pas très présente. L’assistante met son comportement sur le dos de la fatigue, elle ne prend pas a coeur les piques envoyés. Erika accompagne la rousse jusqu’à destination. Là, elles se séparent. Tandis qu’Erika rebrousse chemin afin d’aller a son bureau, Faye s’arrête devant la porte coulissante des cellules. Un garde lui répond après quelques brèves secondes. Le docteur décline son identité et elle passe ensuite la porte qui se referme derrière elle et se verrouille automatiquement. Elle salut le garde, puis passe la seconde porte, arrivant enfin. Elle pousse le brancard jusqu’à la porte 2D que le garde ouvre grâce à sa console. Elle y entre avec Akira.
Faye hésite un moment, puis lui détache les bras. Elle laisse son torse et sa tête attachés.

- Tu as beaucoup de chance, tous mes assistants sont entêtés. Dit-elle à mi-voix. Ils s’attachent trop... Je ne peux pas les blâmer, eux aussi sont mis à rude épreuve. Leurs convictions, leurs valeurs...

La femme pousse un long soupire puis s’éloigne en direction du lit. Elle s’y assoit en sortant sa tablette multifonction. Tandis qu’elle patientera le réveil, ou la tombé de la nuit, elle mettra a jour les dossiers des cobayes. Planifiera un horaire pour le mois suivant où notera ses pensées concernant le X74D-09. Ce n’est pas vraiment parce qu’elle voulait rester, mais elle devait absolument tirer d’Akira quelques réponses. Pour cette raison, elle patienta. Jetant de temps à autre un regard vers lui. Un regard intrigué, impatient. Chaque fois qu’il respirait plus fort, qu’il râlait ou qu’un bruit se faisait entendre, Faye cessait immédiatement ce qu’elle faisait pour l’observer. Parfois s’approcher afin prendre ses signes vitaux...
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Akira Takeshi
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MessageSujet: Re: "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~   "La peur est une brume de sensations" ~PV Faye~ EmptyVen 22 Juin - 0:31

On ne sait pas ce que « douleur » signifie tant qu’on n’a pas survécu au T-c30. A présent que c’était son cas, Akira pensait pouvoir résister à tout. Jamais la folle dingue n’avait osé allée jusque là. Quand son esprit émergea des brumes du coma salvateur dans lequel il s’était plongé lui-même, il fit ce qu’il faisait toujours : analyser la situation du mieux possible avant de tenter le moindre mouvement. La première année le lui avait apprit, bouger dès son réveil était une très mauvaise idée. En général ça générait des douleurs atroces qu’il valait mieux attendre de connaitre. Tout d’abords, il n’entendait plus le bip-bip des machines. Il n’était donc plus dans un laboratoire. Un cliquetis régulier et très familier lui rappela quelque chose. L’image mit un moment avant de faire surface : les pales du ventilateur tout en haut du mur de sa cellule. Il était donc dans sa chambre. Inspirant lentement et profondément, il sentit une résistance. On l’avait attaché ? Surement à cause des tremblements. Ça il s’en souvenait encore. Le matelas était dur, il n’était pas dans son lit. Et puis son lit n’avait pas de sangles de toute façon. Pourquoi l’avait-on laissé dans un brancard ?
Le réveil n’était jamais agréable. Il préférait souvent rester dans l’inconscience, c’était plus calme, moins dur aussi. Une façon comme une autre de fuir la réalité. A vrai dire, la véritable inconscience ne l’avait pas saisit tout de suite. A partir du moment où la douleur l’avait assaillit, il s’était déconnecté de la réalité, uniquement concentré sur cette atroce brûlure au fond des yeux et du crâne. Libre de se contorsionner comme il le voulait, un poids l’avait pourtant cloué au sol ce qui lui avait semblé être une journée entière. Puis on l’avait attaché complètement d’après ses souvenirs. La sensation de froid sur son visage lui avait fait un bien fou.

Et puis s’en était suivit une lumière trop forte contre laquelle il n’avait rien put faire. Et enfin le courant d’air sur sa peau que provoquait toujours le déplacement du brancard le long des couloirs. Combien de temps l’avait-on poussé ? Aucune idée. Mais il se souvenait clairement d’une ombre rassurante à côté de lui. Un parfum aussi, celui d’un après-rasage qu’il appréciait beaucoup, peut-être même trop. Il y voyait aussi bien qu’un scaphandrier dans une mare d’eau sale avec de la boue sur le masque mais il pouvait tout de même discerner la haute silhouette de Donovan. Prit d’un élan de tendresse envers cet énergumène qui ne le considérait sûrement pas mieux qu’un numéro sur une porte de cellule, Akira avait tenté de parler. Mais pour une raison inconnue sa voix était restée coincée dans sa gorge. Le souffle lui manquait alors, inutile donc de le gaspiller plus. Il s’était tut. Mais ses doigts agrippèrent ceux de l’assistant qu’il serra avec l’énergie du désespoir. Quelqu'un d'autre l'avait-il remarqué ? Après tout peu importait au fond. Il aurait voulu lui dire qu’il en avait assez, qu’il voulait aller se reposer, que c’était trop. Le supplier, lui dire qu’un homme avec son allure, sa carrure, son regard ne pouvait pas être mauvais au point de le laisser souffrir autant. Et puis tout s’était arrêté. Sans qu’il s’en rende vraiment compte. On avait dut l’endormir mais il ne savait pas pourquoi.

A présent, il était temps d’en savoir un peu plus sur ce qui se passait autour de lui. Doucement Akira ouvrit les yeux. S’il s’attendait à ça : un torrent de lumière l’aveugla et une douleur lui vrilla l’intérieur de l’œil. Ne pouvant pas retenir son geste, il porta ses mains à ses yeux pour appuyer les paumes tout contre. Qu’est-ce que c’était que ce cauchemar ? On lui avait arraché les yeux ? Non, sinon il n’aurait pas vu la lumière. On lui avait implanté quelque chose alors ? Mais pourquoi puisque le produit qu’on lui avait injecté était sensé faire effet sur les yeux ?
Un bruissement sur sa droite lui fit tourner la tête instictivement. Mais il ne chercha pas à soulever une paupière. Trop douloureux, il ne retenterait pas l’expérience deux fois. La personne resta silencieuse mais bougea à nouveau. Le bruit des vêtements indiquait qu’elle s’approchait. Une odeur de produits lavant et un léger parfum féminin qu’il commençait à connaître lui révéla l’identité de son visiteur.


« Doc ? »

Sa voix était éraillée, comme s’il avait hurlé pendant des heures. Il ne se rappelait pourtant pas avoir crié autant et si longtemps.

« Qu’est-ce que tu m’as encore fais ? Ça brûle... »

Entre la bouche pâteuse, la voix râpée et la fatigue intense qui commençait à peser, le cobaye n’avait plus la force d’en dire plus. Il en arrivait même à ne plus parler avec autant d’insolence. Tout ce qu’il désirait pour l’instant, c’était dormir en paix. Il l’avait mérité après tout non ?

« Pourquoi ça fais ça ? C’est normal ? Le truc là...Il a marché ? »

Pour être honnête, Akira avait peur de se voir annoncer qu’il allait progressivement devenir aveugle et que tout avait capoté. Ça aurait été la pire chose qui puisse lui arriver. si le produit avait marché alors il s'en sortirait surement sans rien de grave. Le but du projet n'était pas de rendre les gens handicapés. Jusqu'à ce jour, le jeune avait été un succès dans tous ses tests. Pourvu que cela dur encore...
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